Finance: L'analyse financière par ratios
Une batterie de ratios, juste pour vous, aidant à l'analyse financière et à la compréhension des phénomènes et situations en entreprise.
A nos cahiers...
Assez long mais instructifs.
L’analyse
financière a pour objectif premier de mesurer la rentabilité financière à partir
du bilan, du compte de résultat et de toute autre information donnée par le
groupe (tableau des flux de trésorerie, annexe…) ou qui peut être obtenue sur
elle.
L’étape n° 1
présente le bilan financier IAS/IFRS ainsi que quelques soldes intermédiaires
de gestion (cf. supra).
L’étape n° 2
présente les ratios en quatre blocs : fonds de roulement et trésorerie ;
structure financière et activité puis rentabilité.
L’étape n° 3,
la plus importante, est l’analyse financière proprement dite ; il s’agit de
commenter l’évolution des ratios (pourquoi cette variation ? est-ce favorable
ou défavorable ? dans ce dernier cas, que pouvons-nous faire ?) « Bloc après bloc
», avec un minimum d’une page de commentaire (voire plus) par bloc de ratios.
Ces derniers soit les ratios sont dressés sur la base de normes internationales auquel on fait face au quotidien...
On distingue les ratios causatifs et les ratios consécutifs.
RATIOS CAUSATIFS
Par ratios causatifs, nous entendons les ratios-causes concourants à expliquer les ratios consécutifs, c’est-à-dire les ratios de rentabilité.
En
général, une marge de sécurité satisfaisante est celle caractérisée par les
deux ratios ci-après :
Selon
la norme IAS 18, les produits des
activités ordinaires sont des entrées brutes d’avantages économiques au cours
de l’exercice dans le cadre des activités ordinaires lorsque ces entrées
conduisent à des augmentations des capitaux propres.
La norme IAS 8
définit quant à elle, l’activité ordinaire comme celle engagée par une
entreprise dans le cadre de ses affaires ainsi que les activités liées à titre d’accessoire
ou dans le prolongement ou résultant de ces activités.
Les
conditions définies dans la norme IAS 7 :
Ce ratio R 06 dit d’autonomie
financière voire d’endettement permet d’examiner la structure
financière du passif, il met en valeur le degré de dépendance ou d’indépendance
du groupe
vis-à-vis
des tiers ; un rapport élevé indique que Danone est peu dépendant de ses tiers
et qu’il dispose d’une importante capacité d’endettement.
Le système bancaire avance souvent
le barème suivant :
–
R 06 < 33 % : zone de surendettement (financement assuré par des fonds
étrangers pour plus des deux-tiers) ;
–
33 % R 06 < 50 % : zone d’incertitude mais en fait, d’autres ratios doivent
permettre de trancher si R 06 correspond plutôt au surendettement (par exemple,
40 % peut être un « gros »
33
%) ou bien à la normalité (par exemple, 40 % peut être un « petit » 50 %) ;
–
50 % R 06 < 66 % : zone normale voire satisfaisante où le groupe possède une
bonne autonomie financière et le coût de l’endettement financier net est en
principe limité ;
–
R 06 66 % voire à 100 % : rare et dans ce dernier cas, le groupe a la
possibilité de faire appel au crédit sans grand problème, mais toutefois, le
rapport ne doit pas être trop élevé car cela pourrait traduire un manque
d’investissement.
Ce
deuxième ratio dit de capacité d’endettement à plus de douze mois mesure la
structure des ressources permanentes (capitaux propres + passifs non courants)
pour les groupes.
Les financiers considèrent que si
ce rapport est inférieur à 50 % alors les possibilités d’obtention de passifs
non courants, c’est-à-dire essentiellement des dettes financières non
courantes, sont très difficiles à moins que le groupe ne puisse fournir
d’importantes garanties.
Ce ratio est parfois qualifié de
capacité de remboursement des passifs non courants
puisque ces derniers s’effectuent avec le surplus monétaire net du groupe. Ce
ratio répond à la question suivante : combien d’années faut-il pour se libérer
de ses dettes financières non courantes à autofinancement « constant » ? Il ne doit
pas être supérieur à quatre ans et les prêteurs estiment qu’au-delà de cinq
ans, l’entreprise est trop endettée à plus de douze mois.
Ce ratio dit de structure
financière de l’actif mesure le poids des éléments durables
ou actifs non courants dans le patrimoine, on parle aussi d’intensité
capitalistique. Il est généralement important (plus de 40 %) pour les groupes
industriels et plus faible (moins de 20 %) pour les groupes commerciaux) ; ce ratio
reflète souvent la technologie du secteur.
Le ratio d’obsolescence
ou bien le taux d’amortissement (où sont exclus du dénominateur les terrains
sauf ceux de gisement et les immobilisations en-cours), marque le degré
d’obsolescence, la productivité des actifs non courants… En principe, un ratio
satisfaisant ne doit pas être supérieur à 50 % et un taux élevé ou croissant
depuis plusieurs années indique des équipements vieillis ou vieillissants à
renouveler impérativement.
Premier ratio d’activité, la
variation (apparente) des produits des activités ordinaires ou chiffre
d’affaires (R 11) est un indicateur important et les
écarts peuvent être dûs à une variation du prix de vente unitaire ; à une
variation des quantités vendues ou éventuellement à un effet devises ; voire un
changement de périmètre de consolidation pour Danone.
Le ratio R 12 (numérateur et
dénominateur sont TTC et le taux de TVA appliqué est par hypothèse de 12 %) de
délai de règlement des clients « DRC » ou de durée moyenne de crédit accordé,
dépend de plusieurs facteurs : valeur unitaire des produits et marchandises
vendus, durée de vie du produit, rythme de croissance et taux de concentration
du secteur. Cet indicateur reste stable à 37 jours.
Le ratio R13 de délai de règlement
aux fournisseurs « DRF » ou de durée moyenne de crédit obtenu en jours
(hypothèse d’un taux de TVA déductible de 10 %),
dépend de trois facteurs : valeur unitaire des matières premières ou des
marchandises achetées, rythme de croissance et taux de concentration du secteur.
Il baisse défavorablement de 94 jours à 88 jours…
Enfin,
le crédit interentreprises est défini
par la relation suivante : il faut que le délai-clients DRC soit inférieur au
délai fournisseurs DRF sinon de graves problèmes de trésorerie et de rentabilité
financière sont à envisager.
Le ratio DMS (PRO)
détermine la durée moyenne de stockage des produits des marchandises
susceptibles d’être vendus. Il est satisfaisant car relativement bas à 20
jours…
·
RATIOS
CONSECUTIFS
Ce ratio dit de rentabilité opérationnelle
ou économique traduit la capacité du groupe à vendre
avec profit, un produit et/ou une marchandise sur un marché donné,
indépendamment de toute politique de financement et d’impôt sur les bénéfices.
Pour un groupe, on peut donner le barème suivant : si le rapport R 15 est
négatif alors il n’y a aucune rentabilité opérationnelle ou économique ; si 0 %
≤ R 15 < 5 %
alors la rentabilité opérationnelle est faible ; si 5 % ≤ R 15 < 10 %
alors elle est moyenne et si R 15 ≥ 10 % alors la rentabilité opérationnelle
est satisfaisante.
La rentabilité
opérationnelle intègre finalement deux composantes : les produits des activités
ordinaires et les charges opérationnelles. Étant donné que la variation des
produits des activités ordinaires a déjà été évoquée lors du bloc précédent, alors
la rentabilité opérationnelle est finalement une étude des charges
opérationnelles. Ces dernières sont principalement les achats de matières
premières et/ou de marchandises, les autres charges externes (sous-traitance),
les charges de personnel et les dotations aux amortissements.
L’autofinancement est un indicateur
important de rentabilité financière en valeur absolue et la marge brute
d’autofinancement peut être aperçue dans le tableau des flux de trésorerie.
On
rapporte souvent l’autofinancement aux investissements pour obtenir le « taux
d’autofinancement » qui doit être tendu vers 100 %
Le
Conseil National de la Comptabilité (En France) a défini le coût de l’endettement financier
net comprenant les produits de trésorerie et d’équivalents de trésorerie
(produits d’intérêt, résultat de cession d’équivalents de trésorerie, résultat
des couvertures de taux de change) et le coût de l’endettement financier brut
(charges d’intérêt, résultat des couverture de taux de change, gains et pertes
liés à l’extinction des dettes).
Le
ratio R 17 est couramment utilisé par la profession bancaire notamment pour
juger du poids relatif du coût de l’endettement financier : c’est à la fois un
ratio d’endettement financier (un rapport élevé confirme un taux d’endettement
défavorable) et un ratio de rentabilité financière (à partir d’un certain
niveau, le coût de l’endettement financier brut est tel que la rentabilité financière
devient faible voire inexistante). Le barème fréquemment avancé est le suivant
: si le rapport R 17 = Coût de l’endettement financier brut/Produits des
activités ordinaires est inférieur à 2 % alors c’est favorable (situation
actuelle de
Danone)
; si le rapport R 17 est compris entre 2 % et 4 % alors c’est moyen ; si le
rapport R 17 est supérieur à 4 % alors c’est défavorable et la perte financière
est vraisemblablement élevée.
Ce ratio causatif, le plus
important de toute l’analyse financière, a plusieurs appellations
: rentabilité financière, Return On Equity (ROE = Net Income/Book Value of
Equity) plus proche de la rentabilité financière que le Return On Investment –
ROI
(Résultat
net/actif). Ce ratio intéresse les actionnaires, les investisseurs potentiels
et les dirigeants ; la rentabilité financière est un indicateur de la capacité
du groupe à rémunérer les actionnaires, soit sous forme de dividendes, soit
sous forme d’une affectation aux réserves augmentant ainsi la valeur
intrinsèque des titres qu’ils détiennent. Le ratio doit être suffisamment élevé
pour que l’actionnaire accepte de confier son épargne au groupe.
Le
seuil de survie d’un taux de profit avancé par les financiers et les stratèges
est souvent de 10 % et en conséquence, nous pouvons esquisser le barème
suivant, pour un groupe industriel et/ou commercial : si le rapport R 18 =
Résultat net/Capitaux propres est négatif alors il n’y a aucune rentabilité
financière ; si 0 % ≤
R
18 < 5 % alors la rentabilité financière est faible ; si
5
% ≤ R 18 < 10 %
alors elle est moyenne ; si R 18 ≥ 10 % alors la rentabilité financière est
satisfaisante.
Par
ailleurs, nous pouvons expliquer un ratio causatif global en le décomposant en
ratios discriminants partiels ; le ratio de rentabilité financière R 18 peut
alors être expliqué par le produit de trois ratios (ou chaîne de ratios) :
Pour
un groupe industriel et/ou commercial, la survie d’un taux de profit est la
finalité ultime pour tout système ouvert sur son environnement, elle est
mesurée par la rentabilité financière, c’est-à-dire le rapport résultat
net/capitaux propres dont le seuil fatidique est de 10 %. La décision
d’investissement est le moyen de survie mais il n’y a point de survie sans
argent, c’est-à- dire une bonne rentabilité opérationnelle nette et/ou une bonne
capacité d’endettement d’où la décomposition de survie d’un taux de profit en
trois indicateurs-clés.
Si
la rentabilité opérationnelle est supérieure à 10 % alors le groupe peut être
considéré comme économiquement rentable.
Compte
tenu des charges existantes (charges opérationnelles, le coût de l’endettement
financier net et l’impôt sur les bénéfices) pour aboutir au bénéfice net, alors
une rentabilité opérationnelle (ou économique) nette de 5 % peut être jugée comme
satisfaisante.
Le
taux de rotation du capital est le rapport entre les produits des activités
ordinaires et le montant des moyens engagés (Actif) exprimant le montant de PAO
obtenu avec un euro de capital investi dans l’actif. En général, ce ratio
tourne entre 0,70 euro et 1,30 euro : il faut penser un euro de produits des activités
ordinaires généré par un euro d’actif.
Le
ratio d’endettement (ou d’autonomie financière) le plus important est le
rapport capitaux propres/passifs non courants et passifs courants. Compte tenu
du barème avancé par le système bancaire, si ce ratio doit être supérieur à 50
% alors le rapport passif/capitaux propres doit être légitimement inférieur à
trois (= 300 %).
Sources :
NORMES IFRS ET ANALYSE FINANCIÈRE : LE
CAS DANONE
Patrick Piget
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